Jeujura : une vibrante histoire familiale de jouets en bois, fabriqués en France depuis 1911

Jeujura : une vibrante histoire familiale de jouets en bois, fabriqués en France depuis 1911​

La première fois que nous avons pris la route aux aurores pour l’usine Jeujura de Saint-Germain-en-Montagne, le voyage lui-même ressemblait déjà à une épopée en soi. La route sinueuse du Jura était enveloppée de brouillard, comme si la nature avait voulu nous préparer à entrer dans une autre époque – celle où le bois, la patience et l’imagination régnaient encore. À notre arrivée, nous avions déjà l’impression d’avoir franchi le seuil d’un conte.

À l’intérieur de l’usine, l’atmosphère nous a immédiatement saisis. L’odeur du hêtre et du pin fraîchement découpés flottait dans l’air, le bourdonnement régulier des machines emplissait les ateliers, et pourtant, au-delà de la modernité des outils, nous avions le sentiment d’avoir pénétré dans un endroit de patrimoine. Partout autour de nous, des fragments d’enfance étaient taillés, poncés, assemblés, prêts à être envoyés dans le monde.

Si vous souhaitez partager un instant de cette expérience, nous vous invitons à visionner la vidéo tournée lors de notre visite. Elle vous montrera, mieux que les mots, pourquoi Jeujura n’est pas seulement une usine, mais un patrimoine préservé dans le bois.

Les origines : Henri Liégeon et son atelier (1911, Champagnole)

Tout commence en 1911 à Champagnole, petite ville des montagnes jurassiennes. Cette année-là, Henri Liégeon, artisan, ouvre un modeste atelier. Il ne fabrique pas encore de jouets : il réalise des chaises pliantes, des miroirs de style bambou et divers objets en bois destinés aux foyers de la région. Et pourtant, dans cet atelier discret s’enracinait déjà une histoire qui allait devenir un patrimoine culturel français.

De l’utile au ludique : Bernard Liégeon (années 1930-1940)

Dans les années 1930, son fils Bernard reprend l’atelier. Contrairement à son père, il souhaite apporter le jeu au cœur des foyers. Ses premières réussites sont le Coffret 4 Jeux (réunissant le Jeu de l’oie, les Dames, les Petits chevaux et la Marelle) et un boulier coloré pour enfants.

En 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, il connaît une véritable révélation. Inspiré par les cabanes et chalets de montagne du Jura, il invente un système de rondins de hêtre à emboîter. Les enfants peuvent désormais bâtir leur propre refuge alpin, poutre après poutre. Les premiers modèles, La Maison forestière et Le Chalet suisse, deviennent des classiques instantanés. En 1948, Bernard enregistre officiellement la marque Jeujura, liant à jamais l’entreprise à son terroir montagnard.

Pour quiconque a grandi en France, ces jouets réveillent une profonde nostalgie. Nous-mêmes n’avons pu nous empêcher de manipuler ces petites pièces de bois et de sourire devant ces boîtes familières. Il est presque impossible de ne pas rejouer, tant Jeujura est indissociable des souvenirs d’enfance transmis de génération en génération.

L’expansion : Jean Liégeon et l’usine moderne (années 1970-1980)

En 1971, c’est au tour de Jean, fils de Bernard, de prendre la relève. C’est lui qui ouvre à Jeujura les marchés étrangers, exportant chalets et fermes au-delà des frontières françaises. Il diversifie aussi la gamme avec des fermes, des forts de pionniers et même des villages du Far West.

Son geste le plus audacieux survient en 1980, lorsqu’il transfère l’entreprise dans une usine moderne à Saint-Germain-en-Montagne, village jurassien. Ce site de 6 000 m² demeure aujourd’hui encore le siège de Jeujura.

La quatrième génération : Catherine Varacca (années 1990-2000)

En 1990, la direction passe à la quatrième génération : Catherine Varacca, arrière-petite-fille d’Henri, épaulée par son frère Frédéric Liégeon. Catherine choisit une voie courageuse : elle refuse toute délocalisation et maintient la production en France, fidèle aux forêts et au savoir-faire jurassiens.

Les années 2000 sont plus mouvementées. En 2006, Jeujura traverse de graves difficultés financières. L’entreprise est alors sauvée par la famille Weisbuch, déjà propriétaire de marques françaises emblématiques telles que Vilac (jouets en bois) et Petitcollin (poupées). Grâce à cette reprise, Jeujura perdure, tandis que Catherine et Frédéric conservent les rênes, assurant la continuité et l’esprit de la maison.

La reconnaissance : un symbole national (2012-2021)

Cette résilience ne passe pas inaperçue. En 2012, l’État français décerne à Jeujura le prestigieux label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), distinction réservée aux entreprises incarnant l’excellence du savoir-faire hexagonal.

En 2021, l’iconique chalet en bois est choisi pour représenter le département du Jura lors de la Grande Exposition du Fabriqué en France, organisée au Palais de l’Élysée à Paris. Du petit atelier villageois aux salons présidentiels, Jeujura n’est plus seulement un fabricant de jouets : la marque est devenue un symbole national.

Notre visite à l’usine : tradition et modernité

Aujourd’hui, environ 45 salariés y façonnent encore du bois issu de forêts françaises gérées durablement – souvent situées à moins de 50 km de l’atelier. Les machines rabotent et découpent inlassablement et religieusement chaque pièce avec régularité.

Chaque détail est pensé dans une logique de responsabilité : peintures à l’eau sans COV, emballages en carton recyclé imprimés localement avec le label Imprim’Vert, portes et fenêtres découpées au laser en bois, remplaçant désormais le plastique. Ici, la tradition rencontre l’innovation, de la manière la plus concrète.

Et pourtant, l’image la plus marquante de notre visite ne se trouvait pas sur le sol de production, mais dans le hall de stockage. Les immenses rayonnages prévus pour accueillir des dizaines de milliers de boîtes étaient… vides. Non par manque de production, mais en préparation du gigantesque espace nécessaire pour les commandes de Noël. Ce silence, devant ces étagères dépeuplées, en disait bien plus long que n’importe quel rapport de vente : il témoignait de la vitalité intacte de Jeujura.

Jeujura à l’ère du numérique

Pour une entreprise centenaire, Jeujura a fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation. Aujourd’hui, ses coffrets colorés sont disponibles sur Amazon, rendant ses jouets accessibles aux familles du monde entier. Ce virage digital démontre qu’une marque patrimoniale peut prospérer sur les marchés modernes tout en restant fidèle à son âme (un enjeu que nous avons analysé dans notre guide sur la vente de produits complexes en ligne).

Pourquoi nous sommes fiers d’accompagner Jeujura

Chez Ascalon, nous sommes fiers de collaborer avec des marques comme Jeujura. Pour nous, ce n’est pas un client comme un autre : c’est un morceau d’enfance et de culture française. Leurs univers ludiques et colorés se prêtent naturellement aux réseaux sociaux, et nous mettons notre énergie à créer des images et des campagnes qui prolongent et valorisent cet héritage (à l’image de ce que nous partagions dans notre sélection de publicités inspirantes sur les réseaux sociaux).

Construire l’avenir, « poutre après poutre »

En 2025, Jeujura innove encore avec de nouveaux coffrets comme Ma Ferme en Bois (145 pièces), L’Aire de Jeux (70 pièces) et L’École du Village (125 pièces). Ces créations confirment qu’une idée intemporelle – construire avec des rondins de bois – peut être réinventée à chaque génération.

Mais un nouveau défi se dessine : celui de la souveraineté digitale. Si Amazon demeure une vitrine essentielle, l’avenir de Jeujura passe par le renforcement de son site internet, l’essor des ventes directes et la création d’un lien plus proche avec sa communauté de familles et d’adultes nostalgiques (une stratégie que nous relions souvent à la diversification des plateformes marketing pour améliorer le ROI). C’est précisément là que nous intervenons : aider Jeujura à reconquérir son indépendance digitale, tout en restant fidèle à ses valeurs centenaires.

Car Jeujura n’est pas seulement un fabricant de jouets. C’est une invitation à construire, à rêver et à transmettre la joie du bois d’une génération à l’autre.

Si même Louis, cofondateur d’Ascalon, a prêté son image pour illustrer une mise en situation de l’une de nos campagnes, c’est parce qu’une photo parfois dit mieux que des mots : l’émotion de se tenir au cœur d’une histoire centenaire toujours vivante.

Nous sommes fiers d’aider Jeujura à écrire ce nouveau chapitre – enraciné dans l’héritage, amplifié par le digital (et comment les marques peuvent s’inspirer de nos réflexions sur la création de contenu digital efficace). Suivez-nous pour découvrir comment une marque centenaire bâtit son avenir, poutre après poutre.

Natalia Ostrovska

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